Un camion de « réfrigérateurs » atterrit en Russie, mais ce ne sont pas de simples appareils. Ces unités cachent en réalité des moteurs destinés à des drones meurtriers. Une manœuvre audacieuse pour contourner les sanctions occidentales.
Ce stratagème ingénieux permet aux fabricants chinois de fournir discrètement des composants essentiels à la production de drones d’attaque. Sous le couvert de « unités de réfrigération industrielles », les moteurs L550E parviennent à franchir les contrôles rigoureux. Grâce à des entreprises-écrans comme Beijing Xichao International Technology and Trade, ces pièces transitent via des intermédiaires russes avant d’atteindre les installations de Kupol à Izhevsk. Cette méthode subtile souligne les vulnérabilités des chaînes d’approvisionnement internationales. Avec une production du drone Garpiya-A1 en pleine expansion, les tensions géopolitiques s’intensifient. Les sécurité européennes et les autorités constatent que malgré les sanctions, le flux de composants ne faiblit pas, alimentant ainsi un arsenal croissant en Ukraine. Cette situation met en lumière les défis complexes auxquels fait face l’industrie des drones face aux manipulations géopolitiques.
Dans un monde où la technologie des drones évolue rapidement, une découverte surprenante met en lumière les méthodes sophistiquées utilisées pour contourner les sanctions internationales. Des fabricants chinois ont en effet secrètement fourni des moteurs à un constructeur russe de drones, dissimulant ces pièces essentielles sous le prétexte de « unités de réfrigération industrielle ». Cette stratégie permet à la Russie d’augmenter considérablement sa production de drones d’attaque, malgré les restrictions imposées par les États-Unis et l’Union européenne.
les tactiques d’évasion dans les chaînes d’approvisionnement
Les chiffres montrent que les entreprises chinoises ont utilisé des sociétés écran pour acheminer les moteurs L550E vers la Russie. Après que des sanctions américaines et européennes ont frappé des entreprises comme Xiamen Limbach Aviation Engine Co., une nouvelle entité, Beijing Xichao International Technology and Trade, est intervenue pour garantir la livraison des moteurs à IEMZ Kupol en Russie. Les documents examinés révèlent que ces moteurs transitaient par des intermédiaires russes, tels que SMP-138 et LIBSS, avant d’atteindre les installations de Kupol à Izhevsk.
Pour éviter toute attention des autorités chinoises, les contrats spécifiaient que les moteurs étaient décrits comme des unités de refroidissement dans les documents d’expédition. Les responsables de la sécurité européenne confirment que cette labellisation permet de contourner les contrôles à l’exportation sur les biens à double usage. Les transportations se faisaient via des compagnies aériennes comme Sichuan Airlines et China Southern Airlines, qui ont régulièrement acheminé des composants vers des entités russes sanctionnées depuis octobre.
l’augmentation de la production de drones Garpiya-A1
Face à l’approvisionnement accru en moteurs et autres composants essentiels, IEMZ Kupol a intensifié la production de son drone d’attaque longue portée, le Garpiya-A1. Basé sur les designs iraniens Shahed, mais équipé de technologies chinoises, ce drone est au cœur des opérations russes en Ukraine. Un document interne révèle un contrat avec le ministère russe de la Défense pour plus de 6 000 unités cette année, triplant ainsi les 2 000 exemplaires de l’année précédente. À ce jour, plus de 1 500 drones ont déjà été expédiés.
Le moteur L550E, associé aux systèmes de contrôle et aux équipements de navigation chinois, constitue le noyau du drone. Selon des rapports du renseignement militaire ukrainien, la Russie déploie environ 500 drones Garpiya-A1 chaque mois contre des cibles civiles et militaires au cœur de l’Ukraine. Cette augmentation souligne les limites des sanctions, qui peinent à perturber entièrement les chaînes d’approvisionnement, permettant une production soutenue malgré les restrictions sur Kupol depuis décembre 2022 par l’UE et décembre 2023 par les États-Unis.
les tensions géopolitiques plus larges dans la technologie des drones
Cette situation met en lumière les tensions géopolitiques entourant le flux mondial de composants de drones. La Chine, qui produit environ 75 % des drones mondiaux principalement pour un usage civil, voit les pièces à double usage comme des moteurs compliquer les distinctions entre applications commerciales et militaires. Un expert proche de Pékin a noté que si la Russie utilise ces pièces à des fins militaires, l’Ukraine pourrait en faire de même.
Le ministère des affaires étrangères chinois a déclaré qu’il n’était pas au courant des exportations de pièces pour le Garpiya et qu’il contrôlait les ventes à double usage conformément à ses lois et obligations internationales. « La Chine s’est toujours opposée aux sanctions unilatérales qui manquent de fondement dans le droit international et ne sont pas autorisées par le Conseil de sécurité de l’ONU », a déclaré le ministère.
La pression diplomatique s’intensifie également. La diplomate de l’UE, Kaja Kallas, a exhorté la Chine le 2 juillet à cesser les échanges commerciaux qui soutiennent les militaires russes, avertissant que cela menace la sécurité européenne. À l’approche du sommet du 25 juillet entre la présidente de l’UE, Ursula von der Leyen, et les dirigeants chinois, un officiel de l’UE a souligné la nécessité de renforcer les contrôles douaniers et financiers sur certains biens à double usage sans rompre les liens plus larges avec la Russie.
Meia Nouwens, chercheuse principale en politique de sécurité et de défense chinoises à l’International Institute for Strategic Studies, a observé que la priorité de la Chine est de soutenir la guerre de la Russie pour maintenir l’attention des États-Unis sur l’Ukraine. « Cela n’aide pas la Chine et l’Europe à se rapprocher, diplomatiquement parlant », a-t-elle ajouté.
les implications pour les normes de l’industrie des drones
Pour les professionnels des drones, cette révélation souligne les vulnérabilités des chaînes d’approvisionnement internationales. La dépendance aux composants chinois, courante tant dans les drones récréatifs que commerciaux, pourrait faire l’objet d’une surveillance accrue face à la montée des sanctions sur les technologies à double usage. Les fabricants mondiaux pourraient envisager de diversifier leurs fournisseurs pour atténuer les risques, tandis que les régulateurs pourraient imposer des classifications d’exportation plus strictes sur les moteurs et systèmes de navigation.
Les défis en matière d’application des règles persistent, car le marquage clandestin et les intermédiaires compliquent le suivi des composants. Cette affaire illustre comment les conflits géopolitiques influencent l’accès à la technologie des drones, pouvant stimuler l’innovation dans la recherche de sources alternatives ou la production nationale pour garantir la fiabilité opérationnelle.
En fin de compte, ces livraisons soutiennent la guerre par drones, suscitant des appels à une coopération globale renforcée sur les contrôles à l’exportation. Les passionnés et professionnels des drones doivent surveiller comment de telles tactiques d’évasion influencent la disponibilité et les prix des composants sur les marchés civils. Pour en savoir plus sur les dernières évolutions dans le domaine des drones, explorez des articles tels que la police de Hong Kong renforce ses patrouilles de drones pour une détection criminelle et une efficacité accrues et les drones peuvent-ils améliorer le suivi environnemental.
En outre, des initiatives innovantes comme Hyundai dévoile la station de drones Seed Ball Ioniq 9 pour soutenir la reforestation grâce à la technologie aérienne démontrent le potentiel positif des drones dans des projets durables. Cependant, des compétitions comme la compétition des drones en Afrique soulignent les enjeux complexes et les conséquences désastreuses pour les populations civiles. Parallèlement, les défenses de drones américaines se renforcent afin de neutraliser les menaces tout en maîtrisant le budget.